végétarien intermittent, omnivore végétalisé, flexitarien ou néo-végétarien

A tous ces termes plutôt barbares et étiquettes faisant rentrer dans une case des individus en fonction de leur régime alimentaire déclaré, je préfère me définir comme un intermittent du végétarisme, d'après la sociologue Claire Lamine qui a mis à jour la pratique intermittente pour les consommateurs de produit biologique. Le terme intermittent me plait peut être pour son coté créatif qu'il peut avoir et son coté engagé, en chemin pour plus de considération du bien-être animal, respect de la nature et du social.

 

Le terme néo-végétarien semble être utilisé depuis les années 2000 pour qualifier des personnes ayant « sensiblement accru leur consommation de fruits et de légumes frais, mais aussi celle de céréales, d'herbes aromatiques et d'épices, sans pour autant bannir totalement la viande de leur assiette1 ». Je différencie les néo-végétariens des omnivores car ces sympathisants du végétarisme, bien qu'ils conservent un régime alimentaire omnivore, sont sensibles aux enjeux du végétarisme et s'intéressent à ce type d'alimentation. « Ce groupe désigne des personnes ayant développé un rapport particulier à l’alimentation, au corps, à la santé, et qui de ce fait ont sensiblement accru leur consommation de produits végétaux, mais sans avoir pour autant banni la viande de toutes leurs assiettes2 ».

Cette pratique peut regrouper plusieurs profils de mangeur : une personne végétarienne qui n’imposera pas son choix alimentaire en société mais qui le pratiquera chez soi, un végétarien soucieux d'être carencé en nutriments, un végétarien carencé en fer qui consommera de la viande pour y remédier, un végétarien en conversion faisant des aller-retour entre deux modèles alimentaires, un végétarien attaché à la gastronomie et aux recettes de sa culture – incluant souvent de la viande – qui en consommera à certaines occasions, etc.

 

Cette forme de végétarisme émerge à la suite des crises alimentaires sur les produits d’origine animale et suite à l’industrialisation de la filière alimentaire, à la multiplication des OCNI3 : le consommateur cherche à « retrouver de la proximité et une certaine maîtrise sur l'aliment4 ». Une autre raison peut être la recherche « d’une nouvelle gastronomie socialement différenciée, voire d’un certain snobisme alimentaire5 » ou bien encore pour des raisons de santé ou morales. Cette forme de végétarisme semble être une tendance de fond qui se développe depuis une décennie, favorisant les produits d’origine végétale au détriment des produits d’origine animale, mais elle n’a jamais été réellement étudié ni quantifiée en France. Une étude a été réalisée en Suisse et leur nombre atteindrait 40 % de l'échantillon de la population6 !

On retrouve un phénomène similaire chez les anglo-saxons sous le terme « flexitarien7 ». Ce terme désigne les personnes « suivant le plus souvent un régime végétarien mais mangeant occasionnellement de la viande8 ». On retrouve également d’autres pratiques de semi‑végétarisme comme le VB6 pour « Vegan Before 6PM9 » initié par Mark Bittman, critique gastronomique au New York Times et auteur de How to cook everything vegetarian. Le VU6 consiste à manger végétalien toute la journée jusqu’au diner, qui sera alors omnivore. La fédération des végétariens d’Allemagne (VEBU) propose quant à elle d’être végétarien à mi‑temps, c’est-à-dire que deux personnes d’un ménage se mettent à diminuer de moitié leur consommation de viande pour parvenir à l’effet positif d’un végétarien10. De multiples pratiques végétariennes originales peuvent encore être inventées de la part des mangeurs. L’AVF par exemple encourage de manger végétarien tous les lundis ; il existe également des journées sans viande plusieurs fois par an en France et dans le monde.

 

 

1 Eric Birlouez, cité par Isabel Gutierrez (2003), « Vous avez dit "Néo-végétariens" ? », Marketing Magazine, 01 novembre 2003, n° 81, [en ligne], [réf. du 12/02/2011], disponible sur : http://www.e-marketing.fr/Marketing-Magazine/Article/Vous-avez-dit-Neo-vegetariens--12069-1.htm >.

 2 AVF (2009), Menus alternatifs dans les collectivités : guide à l’attention des professionnels de la restauration collective, [en ligne], [réf. du 17/11/2010], disponible sur < http://www.vegetarisme.fr/_pdfs/brochuremenusalternatifscollectivites.pdf >.

 3 Cf. article sur L'industrialisation de l'alimentation

 4 LSA (2003), Une espèce en voie de développement, [en ligne], [réf. du 17/04/2011], disponible sur : <http://www.lsa-conso.fr/une-espece-en-voie-de-developpement,97851>.

 5 Jean-Michel Lecerf (2003), « Caractéristiques nutritionnelles de l'alimentation végétarienne », Médecine et nutrition, octobre-décembre 2003, tome 39, n° 4, p. 155.

6 COOP. 2012. « Résultats de l'étude Coop Délicorn: déjà 40% de flexitariens en Suisse » Communiqué de presse.Septembre 2012. Disponible en ligne : <http://www.coop.ch/pb/site/medien/node/74164699/Lfr/index.html>

 7 L’Express (2010), « Végétarien, mais pas trop », [en ligne], [réf. du 20/09/2010], disponible sur : < http://www.lexpress.fr/styles/saveurs/vegetarien-mais-pas-trop_920752.html >.

 8 About.com (2011), What is a « flexitarian »?, [en ligne], [réf. du 17/04/2011], disponible sur : < http://vegetarian.about.com/od/glossary/f/flexitarian.htm >.

 9 « Végétalien avant 18 h 00 »

 10 Le Figaro (2011), « On peut être "végétarien à mi-temps" »,[en ligne], [réf. du 01/02/2011], disponible sur : < http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/02/03/97001-20110203FILWWW00525-on-peut-etre-vegetarien-a-mi-temps.php >.

 

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